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Gianni Berengo Gardin photographe humaniste italien

Rien ne prédestinait Gianni Berengo Gardin à la photographie. Il naît en 1930 à Santa Margherita Ligure dans l’hôtel Impérial qui appartient à ses parents, son chemin était tout tracé dans cette entreprise familiale. C’est la guerre qui l’a détourné d’une carrière dans l’hôtellerie. Enfant, il porte l’uniforme aux "samedis fascistes" et rêve de gagner le concours qui promet aux deux meilleurs élèves de la classe de monter la garde devant le Palazzo Venezia et d’être reçu par le Duce ! Sa mère lui faire prendre conscience que la démocratie est une alternative au fascisme.

Gianni Berengo Gardin
© Didier Gualeni

Très jeune, il se passionne pour la photo. Un oncle juif attentif et attentionné, qui vit aux Etats Unis et qui est très ami de Cornell Capa (le fils de Robert Capa), sur les conseils de ce dernier, lui envoie un livre de la Farm Security Administration (FSA). Cette mission photographique, avait pour objectif (entre 1935 et 1944), de témoigner de la situation sociale et économique des agriculteurs américains. Elle comprenait notamment comme photographes : Paul Carter, John Collier Jr, Jack Delano, Walker Evans, Dorothea Lange..., ce sont leurs images qui ont formé l’œil de Gianni Berengo Gardin. Par hasard alors qu’il montre ses photos à un ami dans un bar, le rédacteur en chef du journal Il Borghese le remarque et lui achète toutes ses images. En 1954 à Paris, il rencontre Willy Ronis, Doisneau, Boubat, on le surnomme déjà le Cartier-Bresson italien, ses initiales GBG répondent à celles de HCB.

Ce livre publié en Italie par Contrasto Due et par les éditions de La Martinière en France, retrace les 50 ans de photographie humaniste de Gianni Berengo Gardin. Cet homme modeste a toujours mis en avant le plaisir de photographier, le plaisir de rendre compte. Berengo Gardin a parcouru toute l’Italie et en a dressé un véritable portrait sociologique au fil des années. Il est aussi militant et ne s’est pas fait payer pour ses reportages dénonçant les traitements des malades dans les hôpitaux psychiatriques ou le sors réservé à la communauté tzigane. A travers un dialogue avec Goffredo Fofi en guise d’introduction on découvre son parcours ses motivations, puis Franck Horvat dans une interview le fait parler de ses photos préférées et Floriana Pagano évoque avec lui les multiples livres qu’il a publiés. Les onze chapitres thématiques sont introduits par Sandro Fusina.

Dans chacune des photos de Berengo Gardin il y a un être humain ou sa présence, y compris dans les paysages, au delà de l’esthétique, du cadrage parfait, il y a le mouvement, la vie qui s’écoule. Il est impossible de décrire toutes ses images mais à titre d’exemple, on retiendra ce groupe de jeunes gens dansant sur un disque 33 tours, grâce à un gramophone transporté dans les dunes de sable, puis ce balayeur travaillant tout seul au petit matin sur la place Saint Marc déserte, enfin ce vieux couple d’anglais qui regardent la mer, enfermés dans leur petite voiture garée sur la plage au raz des vagues.

Ce livre sert également de catalogue de l’exposition rétrospective, organisée par la Maison Européenne de la Photographie - MEP. En mai 2005, l’exposition sera accueillie à Milan, ville d’élection de Gianni Berengo Gardin et elle sera présentée au "Forma", un nouvel espace prestigieux dédié à la photographie d’auteur.

La Martinière (Editeur)
Goffredo Fofi (Auteur)
Sandro Fusina (Auteur)
Gianni Berengo Gardin (Photographe)
Parution : 01/02/2005
25,5 x 26 cm, 440 pages, 250 photos
ISBN : 2732432717
Prix : 70 euros