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Christer Stromholm

Que connaît-on de la photographie suédoise en France ? Pas grand-chose pour la plupart d’entre nous. Pourtant en Suède, la photographie a suivi la même évolution que dans les autres pays européens. Nous devons à la Suède, un prix équivalent à un Nobel de la photo : le prix Hasselblad. Crée en 1979 à Gotheborg, il a été décerné à partir de 1980 notamment à : Ansel Adams, Edouard Boubat, Henri Cartier-Bresson, Robert Frank, Irving Penn, Cindy Sherman, Richard Avedon, William Klein, William Eggelston, Hiroshi Sugimoto, aux suédois Lennart Nilsson, Sune Jonsson et Christer Strömholm. Victor Hasselblad aurait 100 ans en mars 2006, il est l’inventeur du fameux appareil photo homonyme, 6x6, reflex, qu’Edwin Aldrin et Neil Armstrong avaient entre les mains en 1969 sur la lune !

© Christer Stromholm

Christian Caujolle, l’auteur du texte qui introduit cet ouvrage, a entretenu une relation amicale avec Christer Strömholm et le considère comme le père fondateur de la photographie suédoise. Dans le cadre du Septembre de la photo à Nice en 2002, Christian Caujolle, spécialiste de cette thématique en France, a écrit un livre sur le sujet et a participé à l’organisation d’une exposition ayant pour titre « La photographie suédoise ».

Christer Stromholm est né à Stockholm en 1918, il a suivi une formation de peintre en Allemagne, en Italie et en France et c’est aux beaux arts à Paris qu’il s’intéresse à la photographie. A partir des années 1950, il enseigne la photographie en Suède et fonde en 1962 avec Tor-Ivan Odulf, l’école de photographie de l’université de Stockholm. Il formera ainsi près d’un millier d’étudiants dont Anders Petersen qui est le plus célèbre et le plus proche de sa démarche. Peu soucieux de sa médiatisation, Christer Stromholm n’acquerra une notoriété internationale qu’à partir des années 1980, confirmée en 1986 par une grande rétrospective au Musée d’art moderne de Stockholm. En 1965, quand cet anarchiste présente ses photos lors d’une exposition intitulée « A ma propre mémoire », dans le grand magasin NK, il provoque un scandale. Sa vision noire du monde fait que les images seront décrochées au bout de trois jours. Christer Stromholm a travaillé sur des reportages en Inde, au Japon, en Espagne, en Afrique, aux Etats-Unis. Son travail le plus connu est celui sur les transsexuels de la place Blanche à Paris.

Il entretiendra un rapport étroit avec la France car dès 1958 il a fait l’acquisition d’une maison à Fox Amphou dans le Var et y viendra fréquemment. Christer Stromholm avait 16 ans quand son père s’est suicidé. Ce drame a marqué son œuvre, où la mort à tendance à roder : un maque mortuaire, des allées de cimetière, un cadavre d’enfant indien voué à être incinéré... Ce pendant il manque dans cet ouvrage une photo de Christer Stromholm, présente à l’exposition rétrospective qui lui est consacrée au Jeu de Paume sur le site de l’Hôtel de Sully : elle montre le cadavre d’un chien dont la décomposition est avancée, dont il ne reste plus que la peau sur l’arrière train. Ce genre d’image est dérangeant, elle nous confronte à l’idée de mort, de dignité, d’oubli. On a vu, il n’y a pas très longtemps à la MEP, une photo assez semblable chez Miguel Rio Branco. Le chien malade, proche de l’agonie se retrouve également chez Maoriyama et Anders Petersen, symbole de tristesse, de vie de chien, d’errance, de souffrances. Enfin Christer Stromholm a réalisé toute une série de portraits d’artistes et on retrouvera avec plaisir des visages comme ceux de Marcel Duchamp fumant un gros cigare et Man Ray coiffé d’un béret. Ce livre est une bonne occasion pour s’initier à la photographie suédoise et donne envie de découvrir la jeune génération, qui n’est pas vraiment plus connue que l’ancienne.

Actes Sud (Editeur)
Christian caujolle (Auteur)
Christer stromholm (Photographe)
Parution : janvier 2006
Collection : Photopoche
120 pages
photos noir et blanc
ISBN 2742760261
Dimensions (en cm) : 13 x 1 x 19
Prix : 12,80 euros