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Don McCullin en Afrique

Dans les articles consacrés à Don McCullin, on lit souvent qu’il fait maintenant de la photo de paysage et de nature morte, comme s’il avait pris sa retraite. Il a débuté la carrière de photographe de guerre à 20 ans, figure emblématique de la profession et il n’a cessé de réfléchir à son travail se remettant en cause perpétuellement. Au cours des quatre dernières années, il a travaillé pour l’ONG britannique Christian Aid en photographiant les victimes du sida en Afrique. Les éditions de La Martinière nous présentent des images réalisées à un peu moins de 70 ans, en 2003 et 2004, dans la vallée de l’Omo en Ethiopie.

Dans cette région vivent les tribus Surma, Gheleb, Dassanech, Bume, Erbore, Bene, Bodi, Karo, Hamar, Mursi. On assiste à une incroyable escalade à l’armement à cause de conflits armés interethniques ancestraux. Ces guerriers ont abandonné la lance traditionnelle pour la Kalachnikov.

Cette destination est absente des catalogues des voyagistes, par contre, elle intéresse les photographes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, on retrouve ces tribus qui vivent comme les premiers hommes (à l’exception de la Kalachnikov) dans plusieurs portfolio :
 Gianni Giansanti qui a publié "Afrique Mystérieuse
 Les peuples oubliés de la vallée de l’Omo",
 la photographe espagnole Isabel Muoz a passé plusieurs mois chez les Surma que l’on retrouve dans son dernier livre,
 et enfin la Fondation Jean-Paul Blachère expose actuellement le travail de Hans Silvester sous le titre "Les tribus de l’Omo".

Don McCullin, à travers 100 photographies en noir et blanc nous présente un reportage sur la vie et les traditions de ces peuples. Eleveurs, chasseurs, guerriers, d’une extrême pauvreté, ils se livrent à des rites violents de bataille au bâton, de peinture corporelle. Ces rites passent aussi par des mutilations, scarifications en tout genre, excision, perçage d’énormes trous dans les lobes des oreilles, pose de labret, ce plateau qui pousse la lèvre inférieure en avant - quand le plateau est cassé la lèvre pend alors comme un énorme anneau. Il réalise quelques très beaux portraits et capte des scènes très vivantes et touchantes. On est parfois étonné par des photos de groupes très figées un peu comme au temps des premiers appareils photos où le sujet ne devait pas bouger et manifestait une sorte de timidité devant l’objectif, ce qui est d’autant plus surprenant pour un photographe qui a été dans l’instantané toute sa vie.

La Martinière (Editeur)
Don McCullin (Photographe)
Format : 29 x x 30,5 cm, relié, 176 pages
ISBN : 2732433039
Prix : 48 euros