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Le troisième œil - La photographie de l’occulte

Gallimard fait preuve d’audace en publiant ce gros ouvrage de 288 pages au titre énigmatique, « Le troisième œil ». La photo de couverture est déroutante, elle montre un homme à moitié étendu sur une chaise avec une sorte de serpillière sur la tête, le premier plan de cette image est flou. En feuilletant le livre rapidement on peut voir de vieilles photos, parfois annotées à la main, des pages d’album photo, des tables en lévitation, des femmes recouvertes d’une espèce de voile qui leur sort de la bouche, de nombreux textes et annotations. Il ne faut pas s’arrêter à cette première impression qui pousse à reposer le livre dans son rayon. Il faut prendre le temps de s’y attarder. On y découvrira alors un pan méconnu de la photographie et des histoires passionnantes.

Le mystère de la mort a, de tous temps, poussé les hommes à vouloir communiquer avec le monde de l’au-delà. Les périodes de grande mortalité ont été propices au développement de ces pratiques, comme la guerre de sécession aux Etats Unis ou la guerre 14-18 en Europe. La photographie a été utilisée comme support d’enregistrement de la manifestation de phénomènes, mais également en tant que moyen de preuve pour démasquer la supercherie.

Au départ, il semble que c’est un intérêt commercial qui pousse les photographes à devenir « spirites ». Des gens de bonne foi viennent poser devant l’objectif en espérant voir apparaître derrière eux le spectre d’un être cher, le photographe se concentre, prend la photo et au tirage les deux personnages apparaissent. La personne disparue est suffisamment floue ou cachée dans un voile pour que ses trais n’apparaissent pas clairement. Les photos spirites sont vendues beaucoup plus chères que des photos ordinaires. Rapidement il va s’en suivre des procès pour escroquerie. En effet il suffit d’enregistrer une image sur la plaque de verre puis de la nettoyer incorrectement, d’enduire à nouveau la plaque avec de la gélatine sensible pour que sur la photo suivante, apparaisse la première image en surimpression.

D’autres feront croire qu’ils possèdent un fluide en posant leur main sur une plaque sensible. Un expert ira jusqu’à utiliser la main d’un cadavre, froide puis réchauffée pour démontrer, que la plaque réagit tout simplement à la chaleur, d’autres encore utiliseront un courant électrique qui traverse leur corps pour faire croire à un don surnaturel enregistré par la plaque sensible.

D’autres feront croire qu’ils possèdent un fluide en posant leur main sur une plaque sensible. Un expert ira jusqu’à utiliser la main d’un cadavre, froide puis réchauffée pour démontrer, que la plaque réagit tout simplement à la chaleur, d’autres encore utiliseront un courant électrique qui traverse leur corps pour faire croire à un don surnaturel enregistré par la plaque sensible.

Cet ouvrage n’a pas pour objectif de convaincre le lecteur sur l’existence de forces invisibles, au contraire il raconte une partie de l’histoire de la photographie jusqu’alors occultée, qui fut l’outil de personnes peu scrupuleuses. A l’époque ou Photoshop n’existait pas, il n’y avait pas que des trucages grossiers, certains étaient passés maîtres dans la fabrication de fantômes. Très peu de ces images ont un caractère artistique ou esthétique, elles se voulaient être la preuve d’un phénomène surnaturel, on retiendra leur aspect historique et documentaire.

Une exposition présente les 250 images de ce livre, elle se tient à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 6 février 2005. Elle a été évoquée sur notre site dans le cadre du mois de la photographie. Le manque d’explication lisible, la très petite taille des photos originales rend l’exposition moins intéressante que le livre.

Gallimard (Editeur)
Pierre apraxine (Auteur)
Clément chéroux (Auteur)
Andreas fischer (Auteur)
Sophie schmit (Auteur)
Denis canguilhem (Auteur)
Parution : 05/11/2004
230 x 287 mm, 288 pages, 280 photos
ISBN : 2-07-01791
Prix : 50 euros