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Vu d’Italie, 1841-1941

Florence à elle seule détient plus de la moitié du patrimoine artistique de toute l’Italie. Nous sommes tous capable de citer au moins un peintre italien mais qui peut citer un photographe italien ? Florence a aussi la particularité d’être le siège de la première entreprise photographique au monde, il s’agit de l’atelier des frères Alinari fondé en 1852. La photographie italienne est totalement méconnue en France, ce livre qui est le support d’une exposition qui se tient au Pavillon des Arts à Paris vient combler cette lacune.

Après 150 ans d’activité, la maison Alinari a accumulé 3,5 millions de photographies, dont 3200 daguerréotypes, une collection impressionnante de plaques de verre et 800 000 tirages d’époque. Les 200 photos présentées dans le cadre de ce livre sont issues de ce trésor. L’entreprise est devenue une agence photo, Claudio de Polo qui a été nommé président d’Alinari en 1983 a fondé en 1985 le musée Fratelli Alinari de Florence en menant une politique active d’acquisition.

Au départ, les frères Alinari vont photographier les oeuvres d’art de leur ville natale ; les touristes fortunés de l’époque sont friands de ses photos souvenir. Ces artistes vont rapidement couvrir toute l’Italie, avoir recours à d’autres photographes, étendre leur entreprise à l’Europe, ne plus se limiter à la photographie de monuments et d’objet d’art mais s’ouvrir à tous les genres de la photographie. C’est Anne Cartier-Bresson, directrice de l’Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies de la Ville de Paris (ARCP), qui a réalisé l’introduction de cet ouvrage et qui est également la commissaire de l’exposition. Elle connaissait bien les fonds photographiques italiens car elle a passé un an à la villa Médicis à Rome en 1986. C’est à cette occasion qu’elle a découvert la plus grande collection italienne de photographies qu’est le musée Alinari. Monica Maffioli est conservatrice du Musée Alinari et a rédigé toute la partie historique qui explique ce siècle de photographie. Cette grande spécialiste de la photographie italienne est également commissaire de l’exposition du pavillon des arts. La photographie italienne est peu connue, cela est dû probablement au fait que l’unité italienne, le Risorgimento date de 1870. Par ailleurs les fonds photographiques publics en Italie sont dispersés ce qui ne facilite pas une vision générale. Dans le cadre d’une interview réalisée par Natalia Grigorieva pour le "mois de la Photo", Anne Cartier-Bresson constate que les Italiens redécouvrent leur histoire de la photographie. Aussi il n’est pas étonnant que la France les suive dans cette démarche. Elle estime que les photographes étrangers qui ont photographié l’Italie sont plus connus que les italiens photographes, aussi l’exposition s’intitule "Vu d’Italie" et non pas "Vues d’Italie". Face à cette immense collection se sont 180 photos qui sont présentés dans ce livre.

Les amoureux de l’Italie pourront admirer de remarquables négatifs papier au sel de 1850, attribués à Bondini de beaux paysages de Giacomo Caneva, la place Navone telle qu’elle a été vue par Tomaso Cuccioni vers 1860, une vue irréelle de nuit des forums impériaux de Rome réalisée par Giacchomo Altobelli et la sublime vision de Venise au clair de lune de Carlo Naya datant de 1875.

La période couverte va jusqu’a 1941, on citera notamment Wanda Wulz avec son célèbre lo+gatto de 1932 (ci-dessous). En fin d’ouvrage chaque photographe fait l’objet d’une fiche biographique détaillée.

Ce sera aussi l’occasion pour les amateurs de photos anciennes d’aiguiser leur curiosité et d’aller découvrir jusqu’au 6 mars 2005 ces images originales en grand format au Pavillon des Arts, voire de programmer un voyage à destination de Florence.

Paris Musées (Editeur)
Monica Maffioli (Auteur)
Anne Cartier-Bresson (Auteur)
258 pages, 180 photos
ISBN : 88 7292 47
Prix : 44 euros