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Le Paris en couleur de Kimura

Ihei Kimura est considéré par Yukio Yamazaki (ancien rédacteur en chef de la revue d’Asahi Camera) comme le plus grand photographe japonais de son époque (il naît en 1901 et décède en 1974). Il a travaillé essentiellement en noir et blanc et a réalisé des reportages, des portraits et des instantanés. La Mep, Maison européenne de la photographie, nous donne l’occasion de voir quarante images en couleur de Paris des années 50, jamais exposées en Europe, prises par Ihei Kimura.

En 1951 et pendant huit mois, Kimura a été l’assistant de Werner Bichof de l’agence Magnum. Il était très proche de lui, il l’accompagnait dans ses déplacement, s’occupait de faire développer ses pellicules. Bichof l’invita à venir en France. L’année suivante, c’est le président de Magnum, Robert Capa en personne, qui se rend au Japon et renouvelle l’invitation.

En 1954, Ihei Kimura le photographe Japonais au Leica, avec l’aide d’un journal japonais, celle d’un fabriquant d’appareils photos et de Fujifilm, débarque en Europe. Il sillonne la France, l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est ainsi que des pays d’Europe du nord.
Entre temps Bichof et Capa ont dramatiquement disparu. Ihei Kimura admire le travail d’Henri Cartier-Bresson qui est également un des fondateurs de l’agence Magnum. Il le rencontre et ce dernier lui présente Robert Doisneau. En 1955 Kimura revient à Paris avec Robert Doisneau et couvre le 14 juillet, toujours en couleur. A sa mort en 1974 sera publié « Paris », un livre qui rassemble ses images de 1954, 1956 et 1960 où il fit un troisième voyage.
Cet ouvrage a été tiré selon Yamazaki Yukio entre 3000 et 5000 exemplaires, l’éditeur n’existant plus il est impossible de connaître le tirage exact. Cet ouvrage est composé d’une bonne centaine d’images imprimées sur du papier mat. Les photos exposées sont extraites de ce livre.

Les cinquante pellicules Fujicolor qui ont été offertes a Kimura, sont des films réversibles pour faire des diapositives. A l’époque c’est un produit nouveau, leur sensibilité est terriblement faible, soit 10 Asa, obligeant Kimura à faire des prises de vue au 1/10, ce qui explique les flous de certaines images. Kimura apprécie les couleurs pastel du rendu, il remarque qu’avec un ciel nuageux les images tirent sur le bleu et avec la lumière du soir elles tirent sur le rouge.
Nous sommes habitués avec les photos d’Henri Cartier-Bresson et de Doisneau à voir le Paris des années 50 en noir et blanc, on ne l’imagine même pas en couleur. Cette exposition a un coté magique, elle nous révèle que cette époque était aussi en couleur. Elle nous montre des parisiens dans leur environnement, aux terrasses de café, marchant dans la rue, dansant un jour de 14 juillet, des spectateurs de champs de course...
Les tirages ont été réalisés à partir des diapositives originales sur du papier brillant, c’est ainsi que Kimura faisait tirer ses photos. Son éditeur en 1974 avait choisi un papier mat. Les tirages exposés à la Mep ont une couleur dominante brune. Sur le livre qui se trouve à la Mep la couleur dominante est mauve et les photos sont moins contrastées. Il est difficile, compte tenu du vieillissement des supports, d’apprécier les couleurs rendues à l’époque.

Cet article été rédigé à partir de la présentation de l’exposition par Yukio Yamazaki, ancien rédacteur en chef d’Asahi Camera, complété par un échange d’e-mail.

Exposition co-produite avec les Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, avec le soutien de la Fondation du Japon. Commissaire de l’exposition Martin Parr.

Vidéo : Eyes on Paris avec Martin Parr (en anglais)

Du 15 septembre au 17 octobre 2004
Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris
http://www.mep-fr.org
Ouvert tous les jours de 11 heures à 20 heures, sauf les lundis, mardis et jours fériés.
Accès à la billetterie jusqu’à 19 heures 30.
Métro : Saint Paul ou Pont Marie.
Bus : 67, 69, 96 ou 76.