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Syrie, Liban, Palestine, Le Grand Tour

Au XIXe, le Grand Tour est le voyage romantique, qui mène les photographes d’Alexandrie à Constantinople, en passant par la Haute Egypte et le Sinaï, rythmé par les étapes obligatoires de Jérusalem, Damas et Beyrouth. Si elles contribuent à la connaissance des cultures antiques, les œuvres de photographes tels que Félix Bonfils, Henri Béchard ou James Robertson proposent simultanément une représentation ethnocentrique de l’Orient méditerranéen qui façonne l’imaginaire occidental.

On découvre à travers le texte d’Alexis Tadié toute la difficulté de mener à bien un tel projet. En 1996, il était attaché culturel en Syrie et c’est à ce titre qu’il a initié et contribué au « Grand Tour ». Ce livre a été publié fin mai 2005 et les images de Patrick Tosani n’ont pas pu être exposées en Palestine comme cela était prévu. L’éditeur nous précise ci-dessus que le projet continue avec d’autres photographes et d’autres pays.

 Il est difficile de parler des photos d’Ange Leccia sur la Syrie, dans le sens où elles sont extraites d’une vidéo. Quel est le sens d’une image fixe dans un ensemble d’images animées ? Il n’est pas simple de rendre compte de ce travail autrement qu’en intégrant au livre un cd avec les vidéos d’Ange Leccia ce qui aurait probablement augmenté le coût de l’opération. Seule évidence les captures d’images ne supportent pas bien l’agrandissement.
 Le travail de Patrick Tosani sur la Palestine est d’un abord ardu, on cherche le sens de ces portraits d’enfants, sur lesquels il a posé à l’envers et par la tête une chemise amidonnée. Assemblés, on peut penser à un bouquet de fleurs de multiples couleurs, fleurs qui constitueront un état en devenir et qui donnent une image totalement inattendue de la Palestine. Celui-ci a également photographié en studio des chaussures remplies et débordantes de lait. Veut il évoquer un territoire qui ne trouve pas ses limites, un gâchis ?
 Paradoxalement c’est le propos de Jean-Luc Moulène (qui habituellement n’est pas toujours évident) qui est le plus simple et le plus clair. Il a vécu un mois à Saïda au Liban et a photographié les gens, des objets et les paysages qui l’entouraient. Ici les photographies d’une boite de sauce tomate et d’un paquet de pâtes prennent une autre dimension que la simple représentation d’un objet. Jean-Luc Moulène est dans la tradition du grand tour, en nous immergeant dans une autre culture en nous faisant participer au quotidien des gens qu’il a rencontrés.

Ce livre met en lumière la place discrète de la photographie en orient, limitée à la représentation du dirigent en place, à l’évocation de martyrs, aux portraits de studio de rue.

Isthme éditions (Editeur)
Akram zaatari (Auteur)
Elias sanbar (Auteur)
Alexis Tadié (Auteur)
Ange leccia (Photographe)
Patrick tosani (Photographe)
Jean-Luc moulène (Photographe)
Parution : avril 2005
195 photographies d’Ange Leccia, Jean-Luc Moulène, Patrick Tosani et Akram Zaatari
23 photographies extraites du fond ancien du Musée Nicéphore Niepce : Henri Béchard, Georges Blanchard, Félix Bonfils, Paul Denis...
Format : 16,5 x 22 cmn, 288 pages couleur, cartonné
ISBN : 2 912688 52 3
Prix : 30 euros